Traversée Création
Création 2019
Traversée, Spectacle
Ce projet s’inscrit dans la continuité du projet « Je suis arrivée » en 2016, projet dont la problématique était : comment je m’inscris sur un territoire quand je viens d’ailleurs ?
Nous avons rencontré ce texte alors que nous proposions une découverte du théâtre aux participants des ateliers. Nous avons travaillé des extraits de différents textes de théâtre, après une première découverte nous nous sommes appuyés sur les textes pour des improvisations afin de faire émerger de la parole.
Lorsque nous avons abordé le texte Traversée, il y a eu rencontre entre les participants, ce texte et l’équipe artistique. Nous avons été séduits par l’écriture accessible et sensible et c’est suite à ce processus, que
nous avons décidé de monter de cette pièce.
Comme l’indique l’auteur au début de son livre, cette pièce peut être jouée par deux comédiennes ou par une seule, tel un monologue. Nous avons choisi le monologue.
La pièce est jouée par une comédienne et un musicien, accompagnant le récit tel un personnage à part entière. Nous avons choisi de mêler le texte à la musique, instaurant ainsi un univers faisant appel à l’imaginaire du spectateur.
L’histoire
Depuis sa naissance, Nour vit avec Youmna, une femme sourde qu’elle aime comme si elle était sa mère, même si Youmna lui répète qu’elle ne l’est pas. Depuis des années, elles attendent le jour où des hommes viendront pour conduire Nour à sa « vraie » mère qui est loin, dans un pays où les filles peuvent aller à l’école et apprendre un métier.
Ce jour arrive : Youmna confie à Nour une boîte qu’elle ne pourra ouvrir que le « premier jour de sa vie de femme ». Guidée par des passeurs, une traversée difficile et périlleuse l’attend.
A l’arrivée, elle connaît le foyer pour jeunes adolescentes, l’école, les menaces d’expulsion, la solidarité. Elle finit par devenir sage-femme.
C’est alors qu’elle ouvre le contenu de la boîte et y découvre une lettre de Youmna lui révélant qu’elle est sa vraie mère et lui expliquant la raison de son mensonge et de son sacrifice.
Extraits de la pièce
« Youmna dit que ma mère était belle, douce et bonne elle aussi,
Elle dit que ma mère était son amie.
La seule à avoir appris sa langue.
Comme ça, pour rien, pour être son amie.
Que ça les avait dépassées toutes les deux.
Elle dit On rien pour rien et on se faisait des promesses de chevaliers imbéciles.
Elle dit Pour être quelqu’un, parfois, il faut être plusieurs
Et nous, nous étions deux.
Et puis c’est arrivé, juste avant la nuit, sans prévenir.
Ta mère a écrit. Elle t’attend. Elle a tout organisé.
C’est comme une claque sur la figure.
Et avec les claques il n’y a rien à faire.
Juste attendre que le feu sur la joue s’éteigne,
Que l’humiliation et la colère fassent leur chemin. »